vendredi 23 janvier 2015

L'AFA DIFFUSE SA SECONDE BANDE DESSINÉE DE SENSIBILISATION SUR LE THÈME DU SEXTING!

10 Décembre 2014
Le sexting entre adolescents: un jeu aux frontières de la loi 

 

Au départ, une simple volonté de plaire, de jouer dans la cour des grands : l’envoi d’une photo intime comme « cadeau » d’un(e) adolescent(e) à son (sa) petit(e) ami(e). Le « sexting », ou « textopornographie », commence souvent ainsi. C’est le cas pour Manon, jeune héroïne de la seconde bande dessinée de sensibilisation de l’AFA. L’adolescente ne pense pas un seul instant que sa photo, envoyée en toute confiance à Lucas, puisse faire l’objet d’un chantage, être diffusée, dupliquée, détournée…. Tour d’horizon du phénomène en cette période d’achats numériques de Noël.

Qu’est-ce que le « sexting » ?
En France, en 2013, 90% des 12-17 ans possèdent un téléphone mobile et parmi eux,  55% disposent d’un smartphone. En outre, 76% des adolescents sont membres d’un réseau social. Les jeunes ont ainsi tous les outils à disposition pour se livrer au « sexting ». Mais comment décrire cette tendance ? Si sa définition évolue au fil des nouveaux usages numériques, elle englobe à l’origine « l’envoi de messages et d’images sexuellement explicites au moyen d’un téléphone portable »[1]. Cependant,  la diffusion de photos s’est vite étendue aux réseaux sociaux, blogs, messageries instantanées et applications mobiles dédiées.
Un phénomène difficile à évaluer en France
Apparu il y a quelques années avec l’arrivée des premiers téléphones portables équipés d’appareils photo, le sexting concerne environ 20% des adolescents américains en 2012, selon une enquête menée par des chercheurs du département de psychologie de l'université de l'Utah auprès de lycéens âgés de 15 à 17 ans, et 40% des adolescents anglais [2]. Dans les pays limitrophes de la France, la hotline luxembourgeoise Bee Secure Stopline, membre du réseau international INHOPE luttant contre la pédopornographie et homologue du Point de Contact de l’AFA, a relevé en mai 2014 que sur 246 signalements reçus par la plate-forme, 126 étaient illégaux, dont 83 liés au sexting. En France, peu de chiffres peuvent encore donner une idée de l’ampleur du phénomène chez les plus jeunes. Selon une étude Opinion Way de juillet 2014, 31% des 18-35 ans ont déjà échangé par Internet (ordinateur ou smartphone) des photos d’eux dénudés. Enfin, selon une étude de 2009, 14% des adolescents français entre 12 et 17 ans auraient déjà reçu des messages à caractère sexuel de la part de leurs camarades, mais la tendance semble plutôt à la baisse, puisque pour cette catégorie la moyenne de plusieurs pays d’Europe est passée de 14% en 2010 à 11% en 2014 pour les 11-16 ans.
Des adolescents victimes ou auteurs ? Que dit la loi ?
Le sexting en général et plus particulièrement entre adolescents est complexe à appréhender juridiquement.
D’abord parce que certains actes peuvent avoir été effectués avec le consentement de la ou des personnes représentées, alors que d’autres non. Ainsi, l’article 226-1 du code pénal réprime les atteintes volontaires à l’intimité de la vie privée, notamment par la fixation, l’enregistrement mais aussi la transmission de l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé, sans le consentement de celle-ci.
Et également parce que les personnes représentées sont mineures et que l’on peut alors tomber dans la pornographie enfantine. Si les pouvoirs publics et les parlementaires ont longtemps hésité à assimiler le « sexting » à de la pornographie, qualifiant plus volontiers les images concernées de photos intimes, dénudées ou érotiques, la Commission générale de terminologie et de néologie semble avoir tranché le débat en décembre 2013 en traduisant le terme anglo-saxon par « textopornographie ». L’article 227-23 du code pénal vient ainsi sanctionner la fixation, l’enregistrement ou la transmission d'une image, lorsque celle-ci représente un mineur et revêt un caractère pornographique; un objectif de diffusion de l’image sera cependant nécessaire lorsque celle-ci représente un mineur de plus de quinze ans, pour que ces actes soient condamnables. Mais l'article 227-23 vient surtout réprimer l'acquisition, la détention et la diffusion d'images ou représentations pédopornographiques. Enfin, le fait de diffuser un message à caractère pornographique susceptible d’être vu ou perçu par un mineur est également puni (article 227-24 du code pénal).
Si en théorie des adolescents prenant des photos ou des vidéos d’eux dénudés, puis les utilisant, pourraient ainsi être sanctionnés, en pratique cependant, peu de risques qu’un procureur décide de l’opportunité des poursuites pour des actes auxquels ils ont pleinement consenti. Le cas est différent lorsque la transmission ou la diffusion est effectuée par un tiers, même mineur, sans autorisation de la personne représentée. Car si l’âge de la majorité pénale est fixé à dix-huit ans, tout mineur capable de discernement peut être responsable pénalement (article 122-8 du code pénal). Les mineurs à partir de treize ans peuvent se voir prononcer des sanctions pénales comme une amende ou une peine privative de liberté, qui ne peut cependant en principe être supérieure à la moitié de la peine encourue.
En 2013, le Point de Contact de l’AFA a reçu 2 561 contenus pédopornographiques, dont 21% ont été qualifiés d’illicites. 94% des contenus hébergés à l’étranger et 100% des contenus hébergés en France ont été retirés, dont 81% en un à trois jours. Suite à la transmission de ces signalements aux autorités, 21 dossiers ont justifié une enquête en France, en majorité pour des faits de diffusion de pédopornographie. Parmi ces dossiers, aucun cas de sexting n’a cependant été identifié.
Que faire en cas de sexting ?
La prévention reste le meilleur moyen de se prémunir des dangers du sexting. Envoyer ou publier une image de soi dénudé (e) pour faire plaisir à son (sa) copain (ine) doit se faire en connaissance de cause : cet acte peut être lourd de conséquences si la photo est diffusée plus largement sur Internet. Mieux vaut toujours garder la photo pour soi.
S’il est trop tard et que la photo est maintenant hors de contrôle, il peut être utile d’avertir la personne qui menace de publier cette image qu’elle risque des sanctions pénales.
En cas de diffusion malgré cela, le mieux pour les mineurs est d’en parler rapidement à un adulte, et de porter plainte, accompagné des parents, afin que celui ou celle qui a diffusé la photo sans le consentement de l’intéressé(e) soit puni (e).
Enfin, pour éviter la duplication de la photo incriminée sur d’autres sites et son exposition aux yeux de tous, toute personne, victime mineure ou simple témoin de sexting, peut signaler anonymement l’image sur http://www.pointdecontact.net/cliquez_signalez dans la rubrique «Images ou représentations à caractère sexuel mettant en scène des mineurs » afin qu’elle soit supprimée rapidement d’Internet.


[1] Dictionnaire Merriam-Webster’s Collegiate

Lire la mini bande dessinée sur le « sexting» de l’AFA:
N'hésitez pas à relayer cette fiche de sensibilisation sur vos sites respectifs! Des bannières sont également à votre disposition ici
Des exemplaires imprimés de la BD sont à votre disposition sur demande, par exemple pour distribution dans les écoles et collèges, afin de sensibiliser un maximum de jeunes.

Vous pouvez nous contacter à ce sujet au 01 44 54 86 60 ou sur afa@afa-france.com en nous indiquant votre adresse postale et le nombre d'exemplaires souhaité.

En savoir plus:
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mercredi 14 janvier 2015

Génération Z : les mutants vont débarquer dans les entreprises

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Vous avez aimé la génération Y qu’on disait difficile à manager ? Vous allez adorer la génération Z ! Née après le milieu des années 90, elle va bientôt arriver sur le marché du travail. Ces jeunes, âgés de 20 ans aujourd’hui, sont de véritables mutants, bien différents de leurs aînés les Y.
C’est le point de vue de Didier Pitelet, président de Moons’factory et auteur du livre « Le Prix de la confiance ». Pour ce spécialiste du management et de la conduite du changement, les entreprises n’ont pas le choix, elles devront s’adapter face à la « bombe à retardement » que représente cette génération mutante.
GenerationZ

En quoi cette génération Z est-elle une génération de mutants ?

Ce ne sont plus du tout des êtres humains câblés comme les générations précédentes. Ce sont des enfants nés avec les nouvelles technologies. Ils sont mutants dans le sens où ces technologies sont devenues une véritable extension cérébrale et physique qui leur permet de vivre dans plusieurs espaces physiques et temporels. Une mutation que décrit Michel Serres dans son livre « Petite Poucette ». Par rapport à la collectivité, aux autres et aux valeurs, les jeunes de la génération Z ont aussi structuré une posture très différente des générations passées.

Comment cette mutation se traduit dans leur rapport à l’entreprise ? Dans votre livre vous dites qu’il faut faire rêver la génération Z avec des valeurs…

Oui, depuis 15 ans les sociétés civiles ont migré de valeurs très masculines vers des valeurs beaucoup plus féminines : reconnaissance de l’autre, prise en compte du temps, économie solidaire, slow food… Aux quatre coins du monde les citoyens se nourrissent de ces valeurs féminines. Mais l’entreprise est resté un lieu géré par des valeurs extrêmement masculines avec un fonctionnement dominant / dominé, une hiérarchie top-down encore très pyramidale…
Les jeunes de la génération Z ont des postulats. La crise, ce n’est la peine de leur en parler, elle fait partie de leur environnement. Contrairement à leurs aînés, ils n’ont pas peur de la crise car ils grandissent et s’épanouissent dans un contexte qui à leurs yeux est normal.
DidierPitelet« Pour les Z, l’entreprise n’est pas un lieu où on fait confiance à la jeunesse »

Contrairement aux Y qui sont indignés par la crise, les Z n’ont connu que ça…

Oui et ils ont décodé une chose essentielle dans la grisaille ambiante : l’entreprise n’est pas un lieu où on fait confiance à la jeunesse. Leur approche du monde du travail est très individualiste. Quand on leur pose la question de savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, ils répondent en premier, à une très grande majorité, « créer ma boite ».

La génération Z sera-t-elle vraiment une génération d’entrepreneurs ?

On ne sait pas encore s’ils franchiront le pas, mais en tout cas ils ont envie de devenir des entrepreneurs pour réussir. L’économie digitale encourage leur esprit entrepreneurial et un autre phénomène les pousse dans cette voie : ils sont sur les réseaux sociaux dès leur plus jeune âge et sont devenus leur propre marque, ils gèrent sur le web leur capacité d’influence. La génération Y était l’apogée de l’enfant-roi, avec la génération Z c’est l’ère de l’enfant-roi digital. Ce sera aussi sans doute une génération de slashers, qui voudra concilier le statut de salarié avec celui d’autoentrepreneur pour mener de fronts plusieurs activités.

Créer leur entreprise est leur première ambition professionnelle, quelles sont leurs autres aspirations?

La deuxième réponse la plus fréquente des Z quand on les interroge sur leur avenir professionnel c’est « je veux rejoindre une PME ». C’est encore radicalement différent des envies des générations précédentes à qui les PME faisaient peur. Les jeunes de la génération Z sont attirés par les PME car ce sont des petites structures à taille humaine où ils pensent qu’ils pourront exister et être reconnus plus facilement. Alors qu’à leurs yeux dans un grand groupe on est un numéro parmi d’autres.
« Il faudra développer une véritable
culture digitale dans les entreprises »
Les grands groupes arrivent tout de même au 3ème rang de leurs envies professionnelles. Mais ils préféreraient une entreprise qui n’est pas cotée au Cac40. Le grand démon aux yeux de la génération Z ce sont les marchés financiers. Et au dernier rang de leurs aspirations ils citent la fonction publique et la sécurité de l’emploi qui va avec.

Quelle leçon tirer de ces résultats au niveau du rapport de la génération Z au travail ?

C’est une génération qui veut absolument exister, se réaliser, réussir. Et comme elle est dans une posture mutante d’hyperconnection permanente avec ses communautés, le modèle de l’entreprise cloisonnée, schizophrène et génératrice de tensions, n’est pas du tout adapté. Si les entreprises ne deviennent pas plus transversales, plus dans le partage et l’horizontalité, on va droit dans le mur.

Qu’est-ce que les entreprises doivent changer ?

Par exemple, il y a encore des entreprises aujourd’hui qui interdisent à leurs salariés d’aller sur les réseaux sociaux. Si vous dites à un jeune de la génération Z, « c’est interdit d’aller sur Facebook pendant les heures de travail », il va vous prendre pour un imbécile et va fuir à grandes enjambées. D’autant que les Z ont toujours leur vie à portée de main dans leur poche avec leurs smartphones. Cette génération est entière, elle trimballe sa vie perso au bureau et ramène son bureau à la maison par l’hyperconnection.

C’est ce qu’on disait déjà à propos de la génération Y, mais les modèles d’organisation des entreprises tardent à se remettre en cause…

C’est bien pour ça qu’on a écrit beaucoup de choses stupides sur la génération Y qui n’est pas très différente des générations passées. La génération Y a accompagné l’avènement des nouvelles technologiques avec un rapport très souple aux changements. L’autre différence, c’est que la génération Y a fait du cynisme au travail sa profession de foi. 70% des managers trentenaires déclarent de pas adhérer aux valeurs de l’entreprise.
Generation-Z

La génération Z n’aura pas ce rapport cynique au monde professionnel ?

La génération Z ira là où elle se reconnaîtra. En cas de tromperie de la part de l’entreprise, elle prendra ses jambes à son cou, j’en suis convaincu.

Quelles sont les priorités des entreprises pour s’adapter aux jeunes de la  génération Z ?

Les chantiers prioritaires pour l’entreprise c’est d’abord de repenser les modèles de management pour aller vers un leadership humain plus équilibré entre le cerveau gauche et le cerveau droit ; investir davantage dans les relations humaines et voir la rentabilité plutôt à moyen terme ; renforcer les enjeux liés à la culture d’entreprise qui souvent se limite à de la com’ ; et développer une culture digitale dans les organisations, sans la subir. Mais attention, deux collègues qui communiquent pas mail alors qu’ils sont séparés par une cloison ce n’est pas de la « culture digitale », c’est de la « connerie digitale ». Il faut au contraire animer des communautés et cultiver, grâce au digital, une relation humaine plus riche et plus proche. Ce sont des défis très importants.
« La génération Z est une bombe à retardement »

C’est pour cela que vous dites dans votre livre que la génération Z est « une bombe à retardement » pour les entreprises ?

Oui les Z sont la première génération à apprendre des choses à leurs parents. Symboliquement c’est très fort. Ils ont une longueur d’avance et inventent un langage. La génération Z est l’incarnation d’un virage de l’humanité vers autre chose, y compris vers une autre sémantique. Quand une génération entière bascule vers un nouveau monde, les entreprises n’ont pas le choix, elles doivent s’adapter.

Quelles sont les entreprises qui sauront le mieux s’adapter ?

Aujourd’hui il y a un vrai clivage entre les groupes avec des actionnaires financiers qui sont dans le court terme et des entreprises plus familiales dont les valeurs sont orientées vers la pérennité de l’activité et des emplois. Les entreprises familiales sont donc naturellement plus tournées vers l’anticipation. Et les jeunes de la génération Y et de la génération Z seront bien plus attirés par ce type d’employeurs qui misent sur le management de la considération.

La génération Y devra manager la génération Z, comment ça va se passer entre elles ?

Je pense que la confrontation va faire des étincelles. Les managers issus de la génération Y vont avoir des réflexes de  » vieux cons « , comme ceux que les X ont eu envers eux. C’est l’erreur classique de croire que les Z sont juste des Y plus jeunes. Il y a un risque de déficit d’adaptation. La génération Y qui a fait du cynisme et de la distance vis-à-vis du monde professionnel sa raison d’être, va se heurter à une génération qui veut être vraie dans sa relation. Si on ne prépare pas les jeunes managers à s’adapter, cela va générer beaucoup de tensions dans l’entreprise.

Que faire pour anticiper et préparer les entreprises ?

Il faut redonner aux RH une place centrale dans l’entreprise, en travaillant en particulier sur leur capacité à intégrer les différences. Les sciences humaines doivent nourrir le management, la sociologie ou même l’ethnologie pourront aider les managers à jeter des ponts entre les tribus et entre les générations. Le maître-mot sera l’anticipation et les entreprises vont devoir se donner les moyens de le faire.
  • Prix-confianceDidier Pitelet est fondateur de Moons’Factory, (On The Moon, E-Walking et Moon Press). Spécialiste de l’accompagnement du changement il a publié en 2013 « Le prix de la Confiance – une révolution humaine au coeur de l’entreprise » (Editions Eyrolles).