mercredi 31 mai 2017

Ce que veulent les jeunes diplômés de la Génération Z

 Dans Qualité de vie 30 mai 2016 2 commentaires

La Génération Z, qui s’apprête doucement à entrer dans le monde du travail, a une vision bien précise de ce qu’elle souhaite vivre au bureau. Selon une récente étude d’Accenture, elle souhaite un travail important, des opportunités d’apprendre de nouvelles choses au quotidien, un espace de travail décontracté et connecté… Une façon de considérer la vie au bureau qui a toutes les chances de révolutionner le monde du travail !
generation Z
Cette étude réalisée par Accenture, plus grande entreprise de conseil au monde, révèle comment les nouveaux diplômés risquent de transformer l’espace de travail. 70 % des jeunes interrogés affirment en effet qu’ils préfèrent occuper un poste intéressant et positif quitte à voir leur salaire baisser. C’est 10 % de plus que l’année dernière, un chiffre qui risque encore d’augmenter ces prochaines années.

Occuper un poste intéressant

L’étude d’Accenture montre à quel point les nouveaux diplômés placent la qualité du travail avant toute autre chose. Pour leur premier emploi, ils recherchent en priorité un poste avec des responsabilités, une ambiance agréable et la possibilité d’apprendre en permanence. La qualité prime au montant du salaire, une donnée relativement nouvelle dans le monde du travail. Ce n’est d’ailleurs plus le salaire qui occupe la première place des préoccupations mais bel et bien l’attrait d’un poste et d’une entreprise.
Les nouveaux diplômés sont des passionnés. Plus de deux tiers d’entre eux ont d’ailleurs choisi de faire des études dans un domaine qui les attirait particulièrement.

Rejoindre une entreprise responsable

La quasi-totalité des jeunes diplômés interrogés au cours de l’étude considère important de rejoindre une entreprise socio-responsable, de préférence de petite ou moyenne taille pour 44 % contre 14 % pour une grosse entreprise. Ils doivent aimer ce qu’ils font et ce pourquoi ils le font. Les employeurs du futur devront donc se montrer flexibles et ouverts pour attirer les jeunes générations de diplômés.

Accéder à une formation continue

Les possibilités d’évolution et de formations continues jouent un rôle fondamental chez les jeunes diplômés. 80 % des personnes interrogées souhaitent acquérir de nouvelles connaissances, et ce dès leur premier emploi, un chiffre en nette augmentation puisqu’il n’était que de 54 % en 2014. Beaucoup comptent sur leur premier emploi pour parfaire leurs connaissances et faire avancer leur carrière.

Utiliser les nouvelles technologies

Les jeunes diplômés comprennent et utilisent les nouvelles technologies non seulement pour chercher un emploi, mais aussi sur leur lieu de travail. Alors qu’ils étaient 39 % en 2014, c’est aujourd’hui 67 % d’entre eux qui utilisent leur téléphone et les applications mobiles pour chercher du travail.
Une fois en poste, 61 % des jeunes diplômés interrogés pensent que les nouvelles technologies et les intelligences artificielles auront un impact positif sur leur travail et 41 % d’entre eux pensent qu’elles joueront un rôle essentiel dans les cinq années à venir.
Nouvelle façon de voir le travail d’un côté, nouvelles mesures à mettre en place dans les entreprises de l’autre, l’espace de travail risque de connaître une importante révolution ces prochaines années !
  • Pour plus d’information sur la Génération Z, voir l’excellent blog publié par Eric Delcroix.
  • Voir également l’étude Mon bureau de demain réalisée auprès de 2000 étudiants de l’Essec.

mardi 12 avril 2016

Digigirlz : regards d’adolescentes sur le numérique

Elles étaient 300 collégiennes à se réunir sur le Campus de Microsoft France en ce mardi 8 mars 2016, journée des droits des femmes. 
L’objectif ? Sensibiliser les jeunes filles au numérique et à ses métiers. 

L’occasion pour RSLN de discuter avec elles de leur vision et de leur place dans un secteur encore très masculin.

« Pour une fois qu’en tant que filles, on a des privilèges ! » Depuis trois ans maintenant, aux environs du 8 mars, Microsoft et l’association Zup de Coorganisent une journée « Digigirlz » : un événement unique en son genre, qui réunit 300 adolescentes de collèges classés REP pour les sensibiliser à un secteur, le numérique, et à des métiers dont elles peuvent se sentir exclues.

Au programme : Atelier Hour of Code (une heure pour comprendre les principes fondamentaux du code), plongée au cœur des dernières tendances technologiques (Machine Learning, Big Data, IoT…) avec des experts du secteur et participation, entre autres, à un Forum des e-métiers.

« Des filles égales aux garçons dans le numérique, c’est juste normal », réagit Samantha, 15 ans, du collège Bernard Palissy dans le Xe arrondissement de Paris. Pourtant, les faits sont là : le secteur n’est composé que d’un tiers de femmes. Et dans les métiers techniques, les statistiques sont encore plus faibles.

Portrait d’une digigirl

Elles ont en moyenne 14 à 15 ans, connaissent tous les réseaux sociaux (sauf LinkedIn et Viadeo), préfèrent à Twitter l’appli Snapchat, où elles sont abonnées à des stars de Vine (Tonio Life, Jay Max, ou encore Salomé Je t’aime) – également suivies avec attention sur Facebook et Youtube.

Pour autant, le terme de « réseau social » ne leur vient pas à l’esprit quand on leur demande de décrire ce qui leur plaît dans le numérique. « Si je devais choisir trois mots pour décrire le numérique, je dirais : inventivité, créativité et progrès », nous explique Mila Faivre, 14 ans, du collège Moulin à Vent (Cergy). 

« Je dirais que c’est efficace, intelligent, rapide », note pour sa part Kadi Dembele, 14 ans, du collège Bernard Palissy.

Ordinateurs, tablettes ou smartphones : chacune a son outil préféré pour se connecter, même si le mobile reste privilégié pour discuter avec ses amis et prendre, bien sûr, quelques selfies. 

Lorsqu’on leur parle de femmes et de numérique, beaucoup citent l’exemple d’Emma Watson et de sa campagne pour l’ONU autour du hashtag #HeForShe. « C’est une féministe révoltée », apprécie Mila, qui a vu et aimé la vidéo de son célèbre discours sur Internet.

Sensibilisées aux questions d’égalité des genres, toutes peinent pourtant à citer les noms de femmes reconnues. Beyoncé ou Marie Curie se lisent sur quelques lèvres, mais les modèles – qui pourtant existent – viennent à manquer. Un constat contre lequel le mouvement Digigirlz, qui fera étape à Bordeaux le 7 avril et à Lille le 25 avril, entend justement orienter son combat. 

Cette édition a d’ailleurs été l’occasion pour Microsoft de signer la charte ONU Femmes, en présence de sa directrice, Fanny Beneditti, et de toutes les collégiennes.

Mila, embêtée de ne trouver « aucun nom de femme du numérique », se met à souhaiter un futur « où il y a plus de femmes parce que de base, c’est mixte ! ». Un futur où la journée Digigirlz ne sera donc plus perçue comme « privilège » par une jeune fille de 14 ans. 

lundi 21 mars 2016

Les Z, ces indomptables du travail TENDANCES

Sources : ROXANE BACHÉ :Les Z, ces indomptables du travail


     
Publié le 08/03/2016

Image actu


La génération Z est en train de bouleverser les méthodes et l’organisation du travail en profondeur. Exigeants, autonomes et créatifs, ils plébiscitent les formations alternatives à l’école, forcent les entreprises à offrir plus de flexibilité et font grimper la côte de popularité des statuts indépendants.

La place du travail


Une valeur travail forte mais une réussite professionnelle en second plan

De manière générale, les jeunes sont toujours attachés à la notion de travail, de contrat avec la société. C’est un moyen identitaire qui demeure important pour eux; ils ne sont pas dans la logique de refuser de travailler. Globalement, la valeur travail s’est plutôt renchérie dans une période de pénurie et de conditions difficiles. Pour autant, l’importance qu’ils accordent à leur réussite professionnelle est mitigée, selon les profils et les milieux sociaux. Mais de manière générale, celle-ci a moins d’importance qu’elle n’en avait pour leurs parents et grands-parents.


La précarité du marché redéfinit le mode de vie

Cette génération, née dans un contexte de crise économique et financière - que les Y étaient en train de subir dans le même temps - a été bercée dans une atmosphère morose et pessimiste. La grande précarité du marché du travail leur a fait progressivement dire adieu au CDI et à la longue carrière en entreprise.


L’équilibre vie privée/vie professionnelle est une priorité

Ces jeunes individus attendent que leur job soit compatible avec une vie de famille, qu’il n’absorbe pas la totalité de leur temps. Ils veulent avoir suffisamment de latitude pour s'adonner à leurs loisirs et refusent d'adopter les mêmes rythmes de travail que leurs aînés les Y, ou pire, les X. Le phénomène « FoMo » s’applique désormais aussi à la vie personnelle : ils craignent de manquer des moments importants dans leur vie familiale et amicale à cause de leur travail. De façon très nette, ils considèrent « réussir » et s’épanouir s’ils parviennent à combiner les deux sphères.


La fin des diplômes


Les diplômes ne sont plus ce qu’ils étaient…




Pragmatique et réaliste, la génération Z remet en cause l’école comme institution formatrice incontournable dans un monde régi par l’obsolescence des compétences. Après des années davorables à l’accumulation des diplômes pour finalelent se retrouver sans emploi à la sortie des études, les jeunes ont fini par comprendre qu’il était préférable de se forger eux-mêmes leur expertise. De plus en plus autodidactes, ils sont convaincus que le succès viendra de leur débrouillardise et inventivité plutôt que de leurs qualifications académiques.


Une volonté de court-circuiter l’école

Beaucoup se lancent dans l’entrepreneuriat pour entrer directement dans le monde du travail sans passer par l’école : ils s’affranchissent du savoir scolaire formaté et vont chercher eux-mêmes ce dont ils ont besoin sur le web. On connaît déjà le succès des cours en ligne (Coursera) et tutoriels sur YouTube, véritable école de vie moderne. Le concept d’ « Open Education » permet la démocratisation des savoirs en promouvant la publication en ligne de matériels éducatifs libres pour en donner l’accès à tous, comme avec les MOOCs en ligne (OpenClassrooms). Aussi, le projet MIT OpenCourseWare (OWC) met librement et gratuitement à disposition le matériel de cours de presque tous les cours du MIT. La législation brésilienne ordonne de publier tout matériel éducatif subventionné par des fonds publics sous licence libre. La Banque mondiale a lancé l'Open Knowledge Repository, qui réunit en ligne ses propres publications diffusées sous licenceCreative Commons


Leur vision de l’entreprise


Flexibilité, horizontalité, fun : l’entreprise de leurs rêves

Ils perçoivent l’entreprise comme partiale, stressante, rigide, autoritaire, aliénante et souvent injuste. De ce point de vue, ces nouveaux travailleurs représentent un beau challenge pour le management vertical traditionnel. Plus créatifs que leurs prédecesseurs, ils privilégient désormais les structures qui les laissent s’exprimer librement, valorisent leurs idées et leur laissent une réelle marge de manoeuvre. Aussi, en demande de relations et de modes de communication horizontaux, ils remettent en question la hiérarchie dans l’entreprise ainsi que l’autorité de leur employeur, dont ils réclament une certaine légitimité. A défaut, ils n’hésiteront pas à la rejeter. Et sans scrupules.

En termes d'organisation, ils vont chercher une certaine flexibilité, notamment via un lieu et des horaires de travail souples. Les bureaux de Google à travers le monde sont rapidement devenus, à ce titre, un idéal, une référence en la matière. De manière plus générale, les environnements et méthodes de travail des géants de la Silicon Valley, anciennement startups, ont très largement séduit cette nouvelle population en quête de liberté, d'affranchissement des règles et de fun. Par exemple, le film Le Nouveau Stagiaire réalisé par Nancy Meyers en 2015 décrit le quotidien d’une startup montante dans le e-commerce. De nombreuses scènes se déroulent dans les locaux de cette société futuriste, où la CEO (Anne Hathaway) se promène en vélo, où personne n’a de poste de travail fixe, et où les employés affichent des tenues de travail très décontractées.


Anne Hathaway en CEO dans le film Le Nouveau Stagiaire (Crédit : Allociné.fr)

Un besoin de mobilité à la fois professionnelle et internationale

Les membres de la génération Z n’envisagent pas de garder un même emploi trop longtemps. 38% d’entre eux en France se voient bien changer 5 fois de poste durant leur carrière. La variété des postes est un des marqueurs forts des jeunes et la mobilité professionnelle une évidence, d’après l’étude BNP Paribas - Boson Project La grande invaZion.


La fin du salariat


Le statut d’indépendant gagne du terrain

Freelance, consultant, entrepreneur, libéral… la croissance spectaculaire de ces nouveaux statuts semble signer l’arrêt de mort du contrat de travail salarié en entreprise. Les jeunes veulent préserver leur liberté de penser, de décision et d’action en travaillant pour eux-mêmes ou en offrant leurs talents et compétences à plusieurs clients. Ils deviennent leurs propres centres d’emploi et ne doivent rendre de comptes à personne d’autre qu’eux-mêmes. Peut-on parler de revanche sur la lutte difficile et désespérée pour l’accès au fameux CDI ?


Travailler par passion, pour s’épanouir personnellement

Avec l’ère de l’entrepreneuriat, les jeunes se projettent dans la possibilité de créer leur propre job, de s’épanouir personnellement grâce à une passion et ne plus être dans un rythme « métro-boulot-dodo ». Et pour atteindre cet idéal, ils sont tout à fait prêts à faire des compromis sur leurs revenus financiers. La dimension humaine prend ici toute son importance : il y a beaucoup d’attentes sur le plan personnel, à travers des relations humaines qualitatives. Ils souhaitent une ambiance conviviale dans leur environnement de travail, mais aussi la possibilité de se réaliser, d’obtenir une reconnaissance de leurs pairs...


Une envie forte de « monter sa boite »




Etre son propre patron est souvent la première motivation exprimée : 47% rêvent de créer leur entreprise pour être indépendants selon l’étude BNP Paribas - Boson Project : La grande invaZion, janvier 2015. Pour cela, ils sont autodidactes, entrepreneurs; en bref, ils ne veulent compter que sur eux-mêmes. De plus, l'entrepreneuriat a pour eux un visage convivial, affectif et fun : c'est l’idée de la start-up, la bidouille dans le garage, et surtout l'aventure avec les copains.

L’autre motivation derrière l'élan entrepreneurial est le fait de créer soi-même : les jeunes préfèrent produire avec leur esprit et leurs mains plutôt que seulement partager ce que d’autres ont imaginé avant eux. « Ils live-stream, co-construisent, réalisent leurs propres vidéos sur Youtube et partagent leurs propres photos sur Instagram ou Facebook, délaissant peu à peu les retweets sur Twitter et les pins sur Pinterest », selon une étude du cabinet Sproutsocial en septembre 2015.


Avoir plus de possibilités signifie aussi plus de risques…




Aujourd’hui, grâce aux technologies numériques, les individus ont la possibilité d’être plus créatifs et d’avoir des projets annexes comme monter leur propre label de musique, leur pâtisserie, leur propre blog, leur propre journal. Monter son propre projet est devenu plus accessible et donc plus facile. Il y a plus de chances de réussir ou d’échouer mais aussi de rebondir facilement, notamment via leurs inscriptions dans des communautés. Cette génération a un rapport décomplexé à l'erreur. Pour eux, c'est normal de se tromper : ils ne diabolisent pas l'échec comme leurs parents.


Demain : un état d’esprit basé sur le partage

L’ère du Do-It-Yourself a laissé place à celle du Do-It-Together : c’est l’idée de faire ensemble, de coopérer, de partager, dans un esprit de collaboration et d’ouverture. Il s’agit d’être plus forts à plusieurs et d’obtenir un meilleur résultat ou d’améliorer l’existant grâce aux apports et aux forces des autres. Cette logique d’« open innovation » permet aussi des démarches fondées sur des alternatives sociales et solidaires de partage libre des savoirs et des compétences, avec notamment l'utilisation de licences libres (open source, open softawre, open standards).

Pour en savoir plus sur le consumer intelligence et l’innovation, sollicitez le bureau Vitamin.

Découvrez les articles 1 et 2 consacrés à la génération Z  :



lundi 5 octobre 2015

Le pic speech ou le parle images le nouveau langage des adolescents

L’image, nouveau langage des ados

Le Monde.fr |  • Mis à jour le 
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L'image conversationnelle chère aux ados vise à entretenir le lien et susciter une réaction. | Thu Trinh-Bouvier

Les adolescents ont développé un langage qui leur est propre et qui présente l’avantage de les rendre incompréhensibles des adultes. Ils communiquent en images. Dans Parlez-vous Pic speech ?(Editions Kawa), publié fin janvier, Thu Trinh-Bouvier, spécialiste de la communication digitale, responsable nouveaux média chez Vivendi, décrypte ce phénomène, offrant un précieux sous-titrage aux parents.
Vous expliquez que les jeunes gens nés depuis 1995, donc avec Internet, et connectés en permanence via leur téléphone portable, ont développé une nouvelle langue. En quoi consiste-t-elle ?
Les ados manient désormais une langue particulière que j’appelle le pic speech (pour picture speech), un langage des images au sens large, qu’on pourrait aussi appeler « Parlimage ». C’est un mélange d’écrit et d’images. Ils échangent des textos bourrés de signes cabalistiques, les émoticônes, qui symbolisent visuellement leurs émotions. Mais aussi des photos avec texte et dessins associés, parfois tracés au doigt sur l’écran tactile. Ou encore des vidéos très courtes et des gifs, ces images animées. Tout cela grâce à Snapchat, Instagram ou Vine, les applications de leurs téléphones mobiles.
Le smartphone, dont ils sont massivement équipés, est devenu pour eux l’équivalent du stylo. Leur activité préférée, après l’échange de SMS, consiste à prendre des photos et à les partager. C’est une déferlante. Ils délaissent Facebook au profit des réseaux sociaux et messageries instantanées dédiés à l’échange de ces images. La messagerie instantanée Snapchat est leur temple, celui de la cultureLOL : ils s’y mettent en scène, manient l’humour potache, tout est permis. Certains ados envoient des dizaines de Snapchat par jour. Ils photographient et postent tout, tout le temps, comme ils respirent. Ils sortent de chez eux, photographient leurs pieds qui marchent dans la rue. Et postent : « Je vais m’acheter un croissant et je te retrouve après. »

Sur le réseau social Instagram, ils se mettent davantage en valeur à travers des selfies retouchés à l’aide de filtres. C’est la vitrine léchée d’un monde joyeux et esthétisant. C’est également le lieu des déclarations d’amitié et d’amour. Et dans leurs textos, ils placent toujours des émoticônes, tirés de bibliothèques toujours plus étoffées. Ces petits dessins fournissent une clé de lecture du message, ils l’enveloppent, lui donnent de l’affect. Un SMS sans émoticône est perçu comme violent, comme s’il y avait une tension, que la personne était contrariée. Si jamais, en plus, il y a un point à la fin de la phrase, c’est que le problème est grave !

Mélange de photos, d'émoticônes, de texte et de dessin : le langage des ados sur les réseaux est plus créatif qu'on le pense. | Thu Trinh-Bouvier
Pourquoi ce recours massif aux images dans l’expression des ados ?
Il y a bien sûr la facilité de l’outil, le smartphone, qu’ils ont toujours à la main, qui renferme tout leur univers et qui permet de prendre des photos. Cette génération baigne, depuis sa naissance, dans la culture de l’image. Elle a pu photographier très facilement dès son plus jeune âge. C’est donc devenu un mode d’expression spontané, naturel, massif, qui structure son rapport au monde.
Certains ados prennent même des photos qui ne sont pas destinées à être montrées mais nourrissent leur dialogue intérieur, comme ils écriraient un journal intime. Pour eux, l’image est ce qu’il y a de plus approprié pour exprimer un état émotionnel. Et elle intensifie le rapport aux autres. Nous, nous passions des heures au téléphone en rentrant du lycée, eux gardent le lien en envoyant des photos. Une façon de prendre la parole à la première personne, de signifier leur présence à l’autre.
C’est pour eux le mode d’expression le plus efficace parce qu’ils ont cette culture commune. La teneur émotionnelle du message sera immédiatement comprise par le destinataire. Les ados n’écrivent jamais « J’ai passé mon aprem à faire du volleyavec les copains », ils envoient un selfie d’eux au milieu de ces copains et du terrain. C’est plus facile et plus ludique. C’est de l’image conversationnelle qui est là avant tout pour entretenir le lien et susciter une réaction. Dans un second temps seulement, elle joue sa fonction de garant du souvenir.
Est-ce que le « pic speech », comme le « verlan » d’antan, permet de se distinguer des aînés ?
Oui, bien-sûr, les ados ont inventé une langue qui leur est propre, qui leur permet d’échapper au contrôle des adultes et d’affirmer leur appartenance à un groupe. Sur Facebook, où ils savent que les adultes vont, ils mettent peu de photos en ligne ou alors uniquement pour leur groupe d’amis. S’ils se déplacent vers Snapchat ou Instagram, c’est bien parce que c’est là que se trouve leur territoire, leur bulle. Ils sont par exemple passés maîtres dans l’art de conserver (« screener ») les images éphémères.
Les parents ne comprennent rien à cette culture LOL, à ces messages remplis d’émoticônes. C’est un langage plus complexe qu’il n’y paraît, avec énormément de règles implicites, qui nécessite un apprentissage et évolue du collège au lycée. Il est aussi bien plus créatif qu’on le pense. Sur Snapchat, certains ados sont capables de raconter une histoire à travers une succession de photos, comme dans un diaporama. Quand ils parlent, quand ils écrivent, les profs, les parents leur disent « On ne dit pas ça, on n’écrit pas ça ». Là, ils ont une page blanche, un espace de liberté, qui plus est de dimension mondiale.

dimanche 4 octobre 2015

Entreprise: comprendre la "génération Y"

Marie-Françoise Damesin Headshot


Sources ici
Au cours du Women's Forum, qui s'est tenu à Deauville la semaine dernière, j'ai eu l'occasion de présider un débat sur la génération Y. En tant que DRH du Groupe Renault (130 000 personnes dans 38 pays) et en tant que mère de trois enfants, je suis particulièrement curieuse de comprendre les attentes spécifiques de cette génération, en tant que salariés et en tant que clients.
Tout le monde a pu lire ou entendre çà et là quelques clichés sur la génération Y, décrite comme individualiste, impatiente, indisciplinée, vivant presque exclusivement à travers des réseaux numériques et collée à son smartphone. On en conclut un peu trop rapidement que cette génération est repliée sur elle-même, impossible à manager, peu engagée dans le travail et pessimiste dans sa vision de l'avenir.
Des enquêtes approfondies et les échanges directs avec cette jeune génération apportent un éclairage assez différent sur cette classe d'âge (entre 20 et 32 ans), née dans l'ère du numérique et de la mondialisation.
Plutôt qu'individualiste et égoïste, la génération Y serait humaniste, dans le sens où elle place l'humain au cœur de toute chose. Plutôt que désintéressée par le business, elle réclame un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, avec une approche moins matérialiste de la réussite. Le bonheur est le premier de ses objectifs. Le succès professionnel n'est plus un objectif en soi mais un moyen, parmi d'autres, pour y parvenir. Enfin, plutôt qu'une génération sourde aux conseils de ses aînés, elle se montre avide d'apprendre tout au long de la vie, tout particulièrement à travers des modes collaboratifs.
Finalement, cette génération exprime ouvertement des attentes que tout le monde partage sans jamais avoir osé le dire. Et je vois davantage de caractéristiques qui sont des atouts pour l'entreprise que d'aspects incompatibles avec le monde du business : l'importance du réseau et la capacité à dépasser les frontières fonctionnelles et géographiques, la faculté de remettre en question et de challenger, la flexibilité, la mobilité, l'ouverture sur le monde - leur village -, l'autonomie, la créativité...
En tant que salariés, leur approche de l'entreprise est différente et peut déstabiliser les modèles établis et les pratiques en cours. Ils ne rentrent pas dans une entreprise pour y faire carrière, comme leurs parents, mais pour optimiser leur expérience professionnelle, étendre leur réseau et développer leurs compétences. Cela ne signifie pas qu'ils soient moins engagés pour autant.

Ils s'engagent avec force sur des missions, autour d'objectifs concrets, avec un esprit d'équipe solide, mais sont bien moins sensibles à la culture d'entreprise, aux statuts, à la hiérarchie. Un poste est une étape dans leur développement personnel, dans un monde où les opportunités sont sans limite et l'accès à l'information et à la connaissance quasiment infini.

Changer de poste, de secteur ou de pays demain ne leur pose pas de problème. Ce qui fera la différence, selon eux, ce sont les qualités humaines. Ceci révèle une vision lucide, pragmatique et multidimensionnelle de l'avenir.

La balle est maintenant dans le camp des entreprises : comment s'adapter à leurs attentes et à leur mode de travail ? Comment répondre à leurs revendications : davantage de fluidité et de transversalité, des organisations moins pyramidales et plus réticulaires ?

En tant que clients, les enquêtes montrent que l'automobile reste un objet attractif à leurs yeux, un symbole de liberté et un puissant vecteur de l'image de soi. En revanche, la génération Y entretiendrait un rapport différent à la voiture, en tous cas sur les marchés matures. 
Les jeunes ne la verraient plus comme un objet de possession exclusive et un moyen unique de mobilité. Pour eux, la voiture serait avant tout un moyen de se déplacer, qui peut être partagé et utilisé alternativement avec d'autres moyens de locomotion. 
On note également une plus grande sensibilité à des aspects immatériels comme les valeurs portées par la marque, le design, la vie à bord, l'expérience de conduite, la connectivité ou le respect de l'environnement. 
Les paramètres techniques, que les passionnés d'automobile connaissaient par cœur à une autre époque, sont aujourd'hui relégués au second rang. Cette nouvelle approche de la voiture a bien sûr un impact très important sur notre manière de concevoir nos produits et services.
Chaque génération est à la fois modelée par le monde dans lequel elle arrive et remet en cause ses modèles. La génération Y semble le faire sans éclat mais d'une manière étonnamment décomplexée.
Loin d'exprimer une distance désillusionnée ou un désenchantement, je crois que cela révèle une volonté profonde de rendre le progrès continu et la croissance durable, à travers la recherche de sens, de plus de cohérence entre actions et valeurs, de plus d'équilibre entre vies professionnelle et privée. Il me semble que cette génération a beaucoup à nous apporter.

Le rapport ambigu de la génération Y au numérique

Ingrid Nappi-Choulet Headshot


Sources ici
Professeur-chercheur à l'ESSEC, titulaire de la Chaire Immobilier et Développement Durable
TECHNO - Le digital a désormais envahi nos vies. Nous utilisons nos outils numériques non seulement pour communiquer, mais aussi pour travailler, consommer, nous déplacer, nous divertir etc. Qui peut désormais se passer de son smartphone, connecté aux réseaux sociaux les plus variés? Diverses études affirment que leurs propriétaires les consulteraient entre 150 et 220 fois par jour! Naturellement, la génération Y serait la première concernée par cette addiction croissante, de surcroit les étudiants qui sont amené à travailler en groupe et en réseaux.
Nous avons voulu analyser comment la génération "Petite Poucette" chère à Michel Serres, tout particulièrement les étudiants, imaginent en conséquence leur vie dans la ville de demain. La nouvelle étude de la Chaire Immobilier et Développement Durable de l'ESSECVille & Numérique, comment les étudiants français voient leur vie dans la ville de demain, amène justement à relativiser ces idées couramment admises. Et la réserve dont font état les étudiants vis-à-vis du numérique n'est pas le moindre de ces paradoxes. Inattendue de la part d'une génération volontiers décrite comme hyperconnectée, cette réserve est à même d'interpeler aussi bien les grands opérateurs de télécommunication que les adeptes de la smart city, pour lesquels la ville de demain ne saurait être que celle du quotidien à distance et de la fameuse big data.
Certes, les étudiants sont bien obligés d'admettre l'omniprésence du numérique: ils sont 61% à penser que, demain, ce dernier impactera fortement le travail, 50% les façons de se déplacer et 48% les modes de consommation. Toutefois, leur réserve est manifeste à plus d'un titre. D'abord, 58% d'entre eux sont opposés à l'usage de la géolocalisation pour se voir proposer des offres commerciales. Ce chiffre grimpe à 78% s'agissant d'utiliser le contenu des conversations mails pour se voir proposer des offres en rapport avec leurs centres d'intérêts.
Autre exemple : alors que l'on estime généralement que l'un et l'autre vont exploser dans les années à venir, ni le télétravail ni l'e-consommation ne remportent leurs suffrages: seuls 11% estiment qu'ils travailleront principalement à distance, et seuls 22% souhaitent faire leurs achats par Internet dans un avenir proche. Enfin, une écrasante majorité (77%) d'entre eux considère que le numérique est trop présent dans le quotidien des personnes de leur génération. Ils sont en revanche minoritaires (47%) à estimer qu'il est trop présent dans leur propre vie etc. Les étudiants se révèlent ainsi convaincus que le numérique a envahi la vie des jeunes Français, mais qu'eux-mêmes sont parvenus à en faire un usage raisonné et à maintenir une distance salutaire avec cet avatar équivoque de la modernité.
Deuxième enseignement majeur de notre étude: l'attrait qu'exerceraient les grandes villes sur une large majorité de la jeune génération, du fait de son dynamisme, de la diversité de leurs aménités et de l'étendue de leurs marchés de l'emploi. Or, l'étude de la Chaire invite à nuancer fortement cette idée : la grande ville a certes la préférence de 39% des étudiants comme lieu de vie futur, mais elle est talonnée par les villes moyennes et petites qui sont privilégiées par 36% d'entre eux.
Ce retour en grâce de la ville moyenne voire petite ne va pas sans poser des questions en termes numériques: quelle connectivité de ces espaces urbains intermédiaires? L'éloignement des grands bassins d'emplois implique-t-il une croissance massive du télétravail? Autant de conditions, semble-t-il, pour que ces espaces urbains intermédiaires offrent la qualité de vie qu'on leur prête. Ce résultat soulève de réelles interrogations en termes d'aménagement du territoire.
Cette attractivité des villes de taille moyenne va de pair avec un attrait massif pour les centres-villes, que ce soit comme lieu de travail (47% souhaitent y travailler) ou comme lieu de consommation (53% souhaitent y faire leurs achats). Bien loin d'un certain mode de vie dont le couple pavillon-centre commercial serait un symbole bien ancré, la vie idéale des étudiants consisterait ainsi à bénéficier des aménités d'un centre-ville, sans que cette ville soit nécessairement de très grande taille, les maux associés aux métropoles étant bien connus: cherté de la vie, manque d'espace et de nature, pollution, congestion, stress etc. Il n'y a donc pas nécessairement de contradiction entre leur attirance pour les villes moyennes et celle qu'ils manifestent envers les centres-villes.
Reste une troisième idée préconçue dont l'étude révèle les limites: alors que le débat public fait régulièrement état d'une "fuite des cerveaux", c'est-à-dire d'un phénomène de départ des jeunes diplômés à l'étranger, près de sept étudiants français sur dix (69%) affirment qu'ils préfèreraient vivre en France qu'à l'étranger.
Des étudiants majoritaires à préférer la France, beaucoup moins accros au numérique qu'on le dit souvent et de plus en plus nombreux à être attirés par les villes moyennes... Conservatrice, la génération Y? Leur mode de vie idéal, en tout cas, diffère largement de celui que les media leur accolent volontiers. Ni les métropoles ni le quotidien à distance n'ont vraiment leurs faveurs, tandis que l'invasion numérique les interpelle voire les effraie. Autant de conclusions détonantes qui invitent à reconsidérer la légitimité du tout-numérique dans la vie et la ville de demain.
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Ce billet est également publié sur le portail en ligne de l'ESSEC.