jeudi 27 février 2014

Origines des Femen


Trois jeunes Ukrainiennes originaires de Khmelnytskyï, Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Alexandra « Sacha » Chevchenko, alors adolescentes, s'indignent de la place réservée aux femmes dans la société ukrainienne, puis créent Femen lors de leurs études à Kiev10. Anna Hutsol explique avoir lancé Femen en 2008 pour défendre la démocratie quatre années après la Révolution orange, car elle pensait que l’Ukraine manquait de militantes pour défendre les droits des femmes : « L'Ukraine est un pays dominé par des hommes, où les femmes sont passives »11

Elle dit avoir été influencée par La Femme et le Socialisme (1883), de l'« agitateur » socialiste révolutionnaire allemand August Bebel12. À l'été 2008, les fondatrices de Femen manifestent pour la première fois, déguisées en prostituées, pour dénoncer l'importance de la prostitution en Ukraine10. Pour le nom de leur mouvement, elles choisissent le mot latin « femen », qui ne signifie pas « femme » comme on pourrait le croire, mais seulement « cuisse »13, car « cela sonnait bien »14

En 2009, elles innovent en manifestant seins nus contre la pornographie en ligne10. Selon Anna Hutsol, elles étaient plutôt « mal à l'aise » lors de leurs débuts mais face à l'écho médiatique de leur action, elles se sont habituées à cette forme de protestation10.
Elles choisissent ainsi de dénuder leur poitrine, les seins nus symbolisant la condition des femmes ukrainiennes : pauvres, vulnérables et seulement propriétaires de leurs corps.

Anna Hutsol déclare qu'avec Femen, a été « inventée une façon unique de nous exprimer, basée » (selon elle) « sur la créativité, le courage, l'humour, l’efficacité, sans hésiter à choquer ». Cependant, l'humour (au moins) est manifestement absent. 
Anna Hutsol ajoute, avec une certaine naïveté, que « les gens ne s’intéresseraient pas à notre message si nous n’étions pas habillées de cette façon »... « Pour la cause, nous n’avons pas peur de nous mettre seins nus ou de porter des bikinis »11

Femen est né dans une société non démocratique, l'Ukraine encore imparfaitement affranchie du communisme soviétique. Ses activistes ignorent totalement l'idée occidentale de nudité partagée, consentie et non exhibitionniste, telle qu'elle est défendue par le mouvement naturiste

Elles expriment l'idée, très restrictive, que se montrer nue est un moyen de donner une signification à la nudité, qui ne soit plus synonyme de prostitution ou d'exploitation sexuelle15.
En avril 2010, Femen envisage de devenir un parti politique afin de présenter des candidats lors des élections parlementaires de 201216.


Le phénomène Femen

Génération C et l’innovation : des différences selon les pays


Auteur: Raphaël Danjou

Deux jeunes canadiens sur trois se considèrent comme innovants

Dans son enquête sur les jeunes Millenial Innovation Survey, Deloitte montre que pour les jeunes issus de la génération C, l’innovation apparait comme une valeur fondamentale. En effet, pour 78 % d’entre eux, l’innovation est essentielle à la croissance d’une entreprise.
Elle permettrait même, selon 71 % des répondants, d’améliorer le bien-être des sociétés modernes.

Ils considèrent aussi (à 45 %) que l’entreprise reste la principale source d’innovation, devant les institutions gouvernementales (18 %) et les universités (17 %). 

D’ailleurs, selon eux, pour innover, les entreprises doivent, favoriser l’échange d’idées entre les dirigeants et les salariés (indépendamment de l’âge ou de l’ancienneté de ces derniers), avoir une vision claire du futur de leur organisation et de leur marché, ainsi qu’améliorer en permanence leur système de production.

Par ailleurs, 62 % des jeunes de la génération C se considèrent comme des individus innovants et utiles au développement de leur entreprise. 

Ces futurs cadres travaillent à 60 % dans des secteurs dits « innovants » et à 52 % dans un milieu qui les pousse à être innovants.

Pourtant, force est de constater que seulement 26 % d’entre eux trouvent que les dirigeants de leur entreprise actuelles actuelle encouragent les jeunes à exprimer leurs idées et prennent en compte leur avis. 

Cette carence constitue selon ces jeunes une barrière importante à l’innovation en entreprise.

De manière générale, les jeunes de la génération C sont favorables à l’innovation en entreprise. En effet, 95 % des répondants considèrent même qu’il est plus qu’acceptable qu’une entreprise fasse des profits si elle a innové.

Toutefois, ce rapport à l’innovation varie selon les pays et on distingue quelques grandes tendances majeures :
  • Les pays où les jeunes mettent l’innovation au-dessus de tout et pensent qu’ils gravitent dans un milieu qui leur permet d’être innovants.
  • Les pays où les jeunes croient aux valeurs bénéfiques de l’innovation, mais qui ne pensent pas que leur milieu de travail soit favorable à l’innovation.
  • Les pays où les jeunes ne voient pas l’innovation comme une valeur fondamentale de l’économie et qui ne pensent pas être dans un environnement innovant.
Dans la première catégorie, on trouve des pays comme l’Inde, le Brésil, les États-Unis, la plupart des pays d’Asie et l’Afrique du Sud. Dans chacun de ces pays, les jeunes considèrent à plus de 80 % que l’innovation est essentielle pour le développement économique.

Ce pourcentage atteint même 90 % en Afrique du Sud.
Par ailleurs, ces jeunes déclarent majoritairement travailler pour des entreprises innovantes.

C’est le cas notamment en Inde et en Afrique du Sud où respectivement 81 % et 74 % des jeunes interrogés pensent cela.

De plus, dans ces pays, les jeunes déclarent majoritairement (entre 61 % et 75 %) penser que leurs entreprises réussissent, car elles privilégient l’innovation.

Ils rapportent même à plus de 70 % que l’innovation est très importante pour leurs organisations (avec plus de 79 % en Inde).
Ils disent également que leur environnement de travail les aide à être innovants, pour 77 % des jeunes cadres indiens, et se considèrent majoritairement comme des personnes innovantes (entre 73 % et 81 %).

Toutefois, plusieurs aspects différencient les jeunes de ces pays. Par exemple, la génération C américaine considère majoritairement que l’innovation provient des communautés locales alors que les jeunes asiatiques pensent qu’elle est uniquement le fait des institutions gouvernementales.

A contrario, en Inde les jeunes pensent que l’innovation vient principalement des entreprises.

Leurs avis divergent aussi quant aux défis auxquels ils seront confrontés plus tard et que les innovations doivent s’efforcer de résoudre. En effet, les jeunes Brésiliens sont préoccupés par les problèmes de gestion des ressources alors les jeunes Chinois s’inquiètent du vieillissement de la population et autres problèmes démographiques.

En outre, alors que tous les jeunes de ces pays considèrent que le principal rôle d’une entreprise est d’améliorer la société et d’innover, les jeunes Sud-Africains pensent toujours que le but final de toute entreprise est la recherche du profit et rien d’autre.


Le Canada constitue un cas à part. On pourrait effectivement le classer dans la première catégorie, puisqu’au Canada plus de 3 jeunes sur 4 croient que l’innovation est essentielle au développement économique d’une entreprise. 

Ils déclarent même à 66 % travailler pour des entreprises innovantes et deux jeunes sur trois se disent innovants.
Mais, dans les faits, seule une petite majorité d’entre eux déclare que leur entreprise connait un succès économique grâce à l’innovation (54 %) et qu’innover est très important pour leur entreprise (64 %). De plus, seulement 58 % d’entre eux considèrent que leur environnement de travail les aide à être innovants. Des résultats bien loin de ceux obtenus par l’Inde ou encore le Brésil.


La seconde catégorie rassemble les jeunes qui considèrent que l’innovation est essentielle pour la croissance économique d’une entreprise (79 % en Australie, 78 % en France et 71 % en Espagne). 
Ces jeunes croient également que les entreprises doivent avoir pour objectif principal l’innovation et l’amélioration de la société.

Pourtant, force est de constater que malgré leur esprit tourné vers l’innovation, ces jeunes ne semblent pas avoir l’impression de travailler dans un milieu propice à l’innovation. 

En effet, ces derniers disent ne pas travailler pour des entreprises innovantes. C’est notamment vrai en France où 51 % des jeunes disent travailler dans une organisation qui n’innove pas.

Selon eux, le succès de leur entreprise ne repose pas sur l’innovation. Seuls 47 % des jeunes Espagnols et 45 % des jeunes Australiens disent que leur entreprise réussit, car elle a innové.

Ce chiffre est d’à peine 38 % en France.
Par ailleurs, une petite minorité d’entre eux (46 % en Espagne et en Australie) considère que leur environnement de travail les pousse à être innovants.

Cette situation est d’autant plus paradoxale que dans ces pays plus d’un jeune sur deux (près d’un jeune sur trois en Espagne) se considère comme une personne innovante.
Cependant, ils ne partagent pas la même vision du futur. Pour les Français et les Espagnols, les principaux défis auxquels ils seront confrontés et pour lesquels il faudra innover, sont le chômage et autres problèmes liés à l’emploi, tandis que pour les Australiens, les changements climatiques sont au centre de leurs préoccupations.


La troisième et dernière catégorie regroupe les jeunes qui considèrent dans une moindre mesure que l’innovation est source de croissance économique (56 % au Japon contre 90 % en Afrique du Sud).

Toutefois, moins de 40 % d’entre eux rapportent que leur entreprise a réussi, car elle a innové et, hormis pour la Corée du Sud, ils disent à plus de 60 % que l’innovation n’est pas importante dans leur entreprise. Enfin, ils disent majoritairement (à plus de 80 % au Japon) que leur milieu de travail ne les incite pas être innovants.

En outre, ils ne pensent pas travailler pour des entreprises innovantes. Seul un quart des jeunes Japonais et plus d’un tiers des jeunes Coréens déclarent travailler pour une entreprise innovante. Ce n’est pas forcément le cas en Hollande où les jeunes répondent à 52 % qu’ils travaillent pour une entreprise innovante.

Par ailleurs, les jeunes dans ces pays ne se voient pas comme des personnes innovantes. C’est le cas de plus de 76 % des jeunes Japonais et près de 60 % des jeunes Hollandais.

Conclusion :

Le rapport des jeunes à l’innovation est donc plus une affaire de culture et d’environnement de travail, qu’une tendance générationnelle.

Livre blanc sur la Génération 4C

lundi 24 février 2014

Comment parler d’Internet aux adolescents ?


Comment parler d’Internet aux adolescents ?

De la « route » à la « rue » : pour un changement de métaphore.
vendredi 14 février 2014 par Marion Carbillet
Parler aux adolescents d’Internet en tant qu’espace social pose forcément question aux professeurs documentalistes que nous sommes. Nous ne sommes pas toujours formés au développement de compétences sociales et si nous pouvons nous sentir capables de travailler sur la compréhension des outils, il est toujours plus délicat d’aborder la question des usages, notamment des usages intimes et non scolaires… et éventuellement des comportements à risques.

La question peut se poser : est-ce notre rôle d’enseignant ? Est-ce dans nos missions ?
Dans les faits c’est quasiment toujours en cas de problème (ou en prévention de problèmes) signalés par des élèves ou des parents qu’il nous est demandé d’intervenir. C’est souvent cet angle « dangers » qui est privilégié et non l’angle « compréhension », celui qui nous parle en tant qu’enseignants.

D’ailleurs quand nous travaillons la compréhension, nous savons aussi que nous ne touchons pas nécessairement aux comportements intimes des élèves, nous pouvons parler prévention mais… comment aborder la question des comportements en mode connecté autrement que par les risques ?

Une vision simple, facile pour la communication est de décider qu’une formation aux dangers suffit et qu’une fois cela fait, c’est réglé : les adolescents sont parés pour aller sur le Web. Cette vision peut s’appuyer sur la métaphore de la route : on ne peut conduire (ou surfer sur Internet) sans risque que si on a obtenu un permis (ou code de bonne conduite). Ce qui voudrait dire aussi qu’il devrait y avoir un âge minimal de connexion.

Cette vision est très largement critiquée comme nous l’avons signalé dans une brève à propos du « permis internet ».

Imaginons à présent changer de métaphore. Le Web ne serait pas une route sur laquelle on va conduire une voiture mais plutôt un espace social tel que la rue. Une rue c’est dangereux, on y croise des gens inconnus, des voitures et même si apprendre à y aller demande tout un accompagnement (fait par les parents, la famille, les centres de loisirs, l’école…) et une information sur les risques à percevoir, il ne viendrait à l’idée de personne d’interdire la rue à un enfant.

Au contraire on les y amène (tout petits) on leur tient la main, on leur apprend à saluer, à discuter avec les gens qu’on connaît, on lit les publicités avec eux, on regarde les boutiques, on fait des achats et parfois on s’arrête au café… Petit à petit on lâche la main et puis on commence à les laisser aller tout seuls pour une petite course en leur disant de faire attention aux gens avec lesquels ils discutent etc.

Et pour les comportements de groupe, c’est sur le Web, comme partout : il faut apprendre à vivre ensemble.

Une éducation par la peur ne peut rien résoudre, au mieux les enfants font semblant d’entendre et continuent en cachette des adultes les pratiques dangereuses. C’est comme si on disait : "Des enfants de 12 ans lorsqu’il sont réunis, peuvent se bagarrer et ça peut mal tourner. On décide donc de ne plus les réunir : gardons-les à la maison !" 

Nous sommes d’accord le choix éducatif sur lequel repose tout notre système scolaire est à l’opposé : réunissons-les et apprenons-leur à vivre ensemble.
Pour internet et les réseaux sociaux c’est sans doute la même chose : nous avons à leur apprendre à "vivre ensemble dans un monde connecté" : les valeurs à transférer sur Internet sont les mêmes que celles qui sont travaillées dans d’autres projets visant à développer des comportements civiques.

Il faut prendre en compte cette chose qui est qu’aujourd’hui les rapports de groupes ne se construisent plus uniquement en présentiel physique mais aussi en mode connecté.
Mais dans ce monde-là on peut aussi apprendre à choisir entre  :
  • subir ou agir
  • abandonner ses amis ou les aider
  • ne rien faire ou conseiller, aider
  • chercher des solutions ou s’isoler
  • diffuser des discours positifs ou répandre des rumeurs qui portent tort à d’autres etc.
Il faut aussi sans doute distinguer, et apprendre à nos élèves à distinguer ce qui est semblable de ce qui change : la rapidité de diffusion d’une rumeur ou d’une diffamation, le sentiment d’isolement qui peut se ressentir très vite, le sentiment d’encerclement quand on est entouré jusque dans sa chambre d’objets connectés et qu’on ne trouve plus de lieu pour se ressourcer…

C’est dans cette optique que j’ai essayé une nouvelle séquence en 5eme autour de la réalisation d’une campagne de sensibilisation au sein du collège, campagne intitulée « Vivre ensemble dans un monde connecté ».

J’ai demandé aux élèves de réaliser des affiches (avec slogan et pictogramme) pour aider leurs camarades du collège à mieux vivre ensemble sur/avec Internet.

Ce travail s’est appuyé dans un premier temps sur l’étude du film interactif « Derrière la porte » de Netécoutedans lequel des adolescents font face sur Internet à des choix impliquant des amis ou des connaissances (propager ou arrêter une rumeur, aider au accabler une personne etc.). 
J’ai demandé aux élèves, en écriture collaborative sur pad, de retracer les différents chemins de la scénarisation du film et de réfléchir aux conséquences des actions des personnages. Je les ai mis ensuite en réflexion collective sur des slogans puis en réalisation d’affiches avec Open Office Dessin. 
Je leur ai demandé d’intégrer un pictogramme réalisé à l’aide d’un des deux sites :http://www.ilovegenerator.com/
http://pictotool.com/

Quel bilan pour ce travail ?

J’ai noté dans l’ensemble, de très grosses difficultés à sortir d’une vision purement axée sur les dangers d’Internet. J’ai mis cela sur le compte de l’âge de mes élèves. J’ai vraiment dû insister sur le besoin collectif que nous avions de développer une vision constructive de la vie ensemble sur/ avec Internet.

J’ai remarqué alors que, incités par moi, les élèves les plus à l’aise scolairement trouvaient des slogans positifs, porteurs de solutions mais que les élèves les plus en difficulté restaient sur une vision orientée dangers et risques. 

Il leur était extrêmement difficile d’imaginer comment aider quelqu’un en difficulté, comment conseiller. Ils en restaient à donner une vision stéréotypée (sans doute transmise par l’École et les médias), loin de leurs pratiques personnelles réelles.

Une autre grosse difficulté pour eux a été le travail du design informationnel à travers la mise en forme de leur affiche. Là encore j’ai noté une très grande hétérogénéité entre ceux qui ont su de suite créer un pictogramme pertinent et l’insérer dans leur document et ceux pour qui cela a été extrêmement difficile. Tous les élèves ont terminé le travail mais certains beaucoup plus vite que les autres, et avec beaucoup moins d’aide.

L’utilisation du pad a beaucoup amusé les élèves et a demandé une compréhension de l’espace offert par cet outil pour ne pas écrire n’importe quoi et surtout ne pas effacer le travail des autres.

Au final, tout en cherchant à travailler sur des compétences sociales, j’ai vraiment eu l’impression de mener une action « d’alphabétisation numérique », action appuyée sur des activités de compréhension, de critique, l’utilisation d’outils et supports multiples et de les mettre en situation de création, donc d’engagement personnel.

Car cette « rue » ou espace social qu’est le Web a ceci de spécifique qu’elle demande pour y être à l’aise, pour y être acteur, pour y vivre, le développement de capacités liées au lire/écrire (étendues aux capacités de navigation et d’organisation) croisées à une prise en compte des aspects informationnels, sociaux et technologiques des outils.

Ce que sans doute on peut appeler littératie numérique définie par l’OCDE comme « l’aptitude à comprendre et utiliser la numérique dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses compétences et capacités »
On retrouve cette question dans les conclusions du rapport sur l’inclusion numérique du Conseil National du Numérique. Il est écrit dans la recommandation 2 « Sans cette littératie, la personne est confrontée à un véritable handicap cognitif qui peut se révéler aussi violent que l’analphabétisme et qui affaiblit fortement son « pouvoir d’agir. 

Privé de littératie numérique, un individu ne peut plus s’épanouir, participer à la société comme citoyen ou se réaliser dans un parcours professionnel ».
Il s’agit peut être bien là du plus important danger porté par Internet…

Sources : Clique ici