Auteur: Raphaël Danjou
Deux jeunes canadiens sur trois se considèrent comme innovants
Dans son enquête sur les jeunes Millenial Innovation Survey,
Deloitte montre que pour les jeunes issus de la génération C,
l’innovation apparait comme une valeur fondamentale. En effet, pour 78 %
d’entre eux, l’innovation est essentielle à la croissance d’une
entreprise.
Elle permettrait même, selon 71 % des répondants,
d’améliorer le bien-être des sociétés modernes.
Ils
considèrent aussi (à 45 %) que l’entreprise reste la principale source
d’innovation, devant les institutions gouvernementales (18 %) et les
universités (17 %).
D’ailleurs, selon eux, pour innover, les entreprises
doivent, favoriser l’échange d’idées entre les dirigeants et les
salariés (indépendamment de l’âge ou de l’ancienneté de ces derniers),
avoir une vision claire du futur de leur organisation et de leur marché,
ainsi qu’améliorer en permanence leur système de production.
Par
ailleurs, 62 % des jeunes de la génération C se considèrent comme des
individus innovants et utiles au développement de leur entreprise.
Ces
futurs cadres travaillent à 60 % dans des secteurs dits « innovants » et
à 52 % dans un milieu qui les pousse à être innovants.
Pourtant,
force est de constater que seulement 26 % d’entre eux trouvent que les
dirigeants de leur entreprise actuelles actuelle encouragent les jeunes à
exprimer leurs idées et prennent en compte leur avis.
Cette carence
constitue selon ces jeunes une barrière importante à l’innovation en
entreprise.
De manière générale, les jeunes de la génération C
sont favorables à l’innovation en entreprise. En effet, 95 % des
répondants considèrent même qu’il est plus qu’acceptable qu’une
entreprise fasse des profits si elle a innové.
Toutefois, ce rapport à l’innovation varie selon les pays et on distingue quelques grandes tendances majeures :
- Les pays où les jeunes mettent l’innovation au-dessus de tout et pensent qu’ils gravitent dans un milieu qui leur permet d’être innovants.
- Les pays où les jeunes croient aux valeurs bénéfiques de l’innovation, mais qui ne pensent pas que leur milieu de travail soit favorable à l’innovation.
- Les pays où les jeunes ne voient pas l’innovation comme une valeur fondamentale de l’économie et qui ne pensent pas être dans un environnement innovant.
Dans la première catégorie,
on trouve des pays comme l’Inde, le Brésil, les États-Unis, la plupart
des pays d’Asie et l’Afrique du Sud. Dans chacun de ces pays, les jeunes
considèrent à plus de 80 % que l’innovation est essentielle pour le
développement économique.
Ce pourcentage atteint même 90 % en Afrique du
Sud.
Par ailleurs, ces jeunes déclarent majoritairement
travailler pour des entreprises innovantes.
C’est le cas notamment en
Inde et en Afrique du Sud où respectivement 81 % et 74 % des jeunes
interrogés pensent cela.
De plus, dans ces pays, les jeunes
déclarent majoritairement (entre 61 % et 75 %) penser que leurs
entreprises réussissent, car elles privilégient l’innovation.
Ils
rapportent même à plus de 70 % que l’innovation est très importante pour
leurs organisations (avec plus de 79 % en Inde).
Ils disent
également que leur environnement de travail les aide à être innovants,
pour 77 % des jeunes cadres indiens, et se considèrent majoritairement
comme des personnes innovantes (entre 73 % et 81 %).
Toutefois,
plusieurs aspects différencient les jeunes de ces pays. Par exemple, la
génération C américaine considère majoritairement que l’innovation
provient des communautés locales alors que les jeunes asiatiques pensent
qu’elle est uniquement le fait des institutions gouvernementales.
A
contrario, en Inde les jeunes pensent que l’innovation vient
principalement des entreprises.
Leurs avis divergent aussi quant
aux défis auxquels ils seront confrontés plus tard et que les
innovations doivent s’efforcer de résoudre. En effet, les jeunes
Brésiliens sont préoccupés par les problèmes de gestion des ressources
alors les jeunes Chinois s’inquiètent du vieillissement de la population
et autres problèmes démographiques.
En outre, alors que tous les
jeunes de ces pays considèrent que le principal rôle d’une entreprise
est d’améliorer la société et d’innover, les jeunes Sud-Africains
pensent toujours que le but final de toute entreprise est la recherche
du profit et rien d’autre.
Ils déclarent
même à 66 % travailler pour des entreprises innovantes et deux jeunes
sur trois se disent innovants.
Mais, dans les faits, seule une
petite majorité d’entre eux déclare que leur entreprise connait un
succès économique grâce à l’innovation (54 %) et qu’innover est très
important pour leur entreprise (64 %). De plus, seulement 58 % d’entre
eux considèrent que leur environnement de travail les aide à être
innovants. Des résultats bien loin de ceux obtenus par l’Inde ou encore
le Brésil.
Ces jeunes croient également que les entreprises doivent
avoir pour objectif principal l’innovation et l’amélioration de la
société.
Pourtant, force est de constater que malgré leur esprit
tourné vers l’innovation, ces jeunes ne semblent pas avoir l’impression
de travailler dans un milieu propice à l’innovation.
En effet, ces
derniers disent ne pas travailler pour des entreprises innovantes. C’est
notamment vrai en France où 51 % des jeunes disent travailler dans une
organisation qui n’innove pas.
Selon eux, le succès de leur
entreprise ne repose pas sur l’innovation. Seuls 47 % des jeunes
Espagnols et 45 % des jeunes Australiens disent que leur entreprise
réussit, car elle a innové.
Ce chiffre est d’à peine 38 % en France.
Par
ailleurs, une petite minorité d’entre eux (46 % en Espagne et en
Australie) considère que leur environnement de travail les pousse à être
innovants.
Cette situation est d’autant plus paradoxale que dans
ces pays plus d’un jeune sur deux (près d’un jeune sur trois en Espagne)
se considère comme une personne innovante.
Cependant, ils ne
partagent pas la même vision du futur. Pour les Français et les
Espagnols, les principaux défis auxquels ils seront confrontés et pour
lesquels il faudra innover, sont le chômage et autres problèmes liés à
l’emploi, tandis que pour les Australiens, les changements climatiques
sont au centre de leurs préoccupations.
Toutefois, moins de 40 %
d’entre eux rapportent que leur entreprise a réussi, car elle a innové
et, hormis pour la Corée du Sud, ils disent à plus de 60 % que
l’innovation n’est pas importante dans leur entreprise. Enfin, ils
disent majoritairement (à plus de 80 % au Japon) que leur milieu de
travail ne les incite pas être innovants.
En outre, ils ne pensent
pas travailler pour des entreprises innovantes. Seul un quart des
jeunes Japonais et plus d’un tiers des jeunes Coréens déclarent
travailler pour une entreprise innovante. Ce n’est pas forcément le cas
en Hollande où les jeunes répondent à 52 % qu’ils travaillent pour une
entreprise innovante.
Par ailleurs, les jeunes dans ces pays ne se
voient pas comme des personnes innovantes. C’est le cas de plus de 76 %
des jeunes Japonais et près de 60 % des jeunes Hollandais.
Conclusion :
Le
rapport des jeunes à l’innovation est donc plus une affaire de culture
et d’environnement de travail, qu’une tendance générationnelle.
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